dimanche 31 mai 2009

L'art d'emmerder les vieux

Dans la série « comment emmerder les vieux cons», les ados américains se sont mis à se faire des « hugs » (accolades) pour un oui pour un non.
Lorsque 2 ados se rencontrent, ils ne se serrent pas la main, ne se disent pas « hi », ne se font pas un « high five », ne se font pas la bise, non, ils tombent dans les bras l’un de l’autre, se serrent bien, se tapotent le dos, et repartent vaquer à leurs occupations habituelles. Là où ça se corse c’est quand 3 ou 4 ados se croisent, eh ben, c’est pareil, que je te saute dans les bras dans la mêlée, que je te renifle le cou et je repars ensuite faire mes petites affaires. Comme toujours aux Etats-Unis, la chose devient un sujet de débat majeur. La presse s’émeut, les collèges sortent des règlements intérieurs interdisant le « hugging », des ados ouvrent des blogs où ils se plaignent de se faire tripoter un peu trop sous prétexte de « hugging », disent qu'ils sont malheureux parcequ’on les évite pour ne pas avoir à faire de « hug », soit encore qu’on les a mis à l’écart parce qu’ils trouvent crétin de faire des « hugs » à tout bout de champ. Il est évident que cette mode passera un jour l’Atlantique.
Après le hula-hoop, les cheveux longs, la drogue, le verlan, les piercings et les tatouages, après le jean taille basse et le caleçon qui dépasse, le prochain péril jeune se nomme le « hugging ». Vous savez ce qu’il vous reste à faire pour rester jeune et dans le coup.

mardi 26 mai 2009

Le boulevard de l'illumination

Il a fallu qu’Arte programme l’autre soir « Sunset Boulevard » pour que je découvre, pour la première fois, le film de Billy Wilder avec Gloria Sawnson en Norma Desmond et Erich Von Stroheim en Max. C’était en version française avec des doublages de voix garanties d’époque (1950), mais c’était grand. Je sais, j’ai pris mon temps. Ceci dit, je n’ai pas non plus encore vu « Docteur Jivago » en me disant qu’il vaut mieux attendre qu’il ressorte en grand écran plutôt que de le voir sur un écran de télé, non mais, on est esthète ou quoi ? Plus le temps passe, plus je risque de finir par le voir sur un téléphone portable, avec des sous-titres coréens. Quelle époque.
Si l’étymologie du mot « boulevard » vous empêche aussi de dormir (ben oui, pourquoi un nom aussi compliqué pour dire « rue », « street », « calle », etc. ?), jetez un œil sur le TLFI, c’est ici.

samedi 23 mai 2009

Troublante Asie

La classe Affaires la plus étrange du monde doit être celle de la compagnie de Hong Kong, Cathay Pacific. Tous les sièges sont isolés, installés en rangs d'oignon, en biais dans la cabine. Chaque passager est dans une sorte de box d’où, assis, il ne peut voir personne d’autre que l’équipage quand il passe dans le couloir pour servir l'avoine aux chevaux, les repas aux passagers. Chacun est dans sa boîte, plutôt étroite (pour peu que l’on soit athlétique), isolé du monde, avec quand même la possibilité de déplier devant lui un écran pour voir un film ou tuer le temps en jouant au solitaire (trop génial, ouais !!).
Ambiance sépulcrale, dans les bleus grisâtres et les beigeasses, on a l’impression d’être dans un service de soins intensifs, en moins fun. Seul point positif : les sièges s’inclinent vraiment à l’horizontale, pas comme sur Air France où, à moins d’être en Première, les sièges ne s’allongent pas tout à fait à l’horizontale (il n’y a pas de petite mesquinerie). Le pire est que l’on ne peut pas regarder le paysage, ah non !, et quoi encore ? Le passager qui a demandé un siège hublot lui tourne le dos et doit se contorsionner pour essayer de voir au dehors. Moi qui me faisais une fête de survoler une bonne partie de l’Asie du sud-Est et de l’Inde sur le trajet Hong Kong – Bombay, j’en ai été pour mes frais, je n’ai rien vu, qu’une vague lueur dans mon dos qui me disait qu’il faisait jour dehors. J’imagine que cet aménagement de cabine a été fait en consultant des panels de consommateurs. J’aurais bien voulu voir la tête des consommateurs, sans doute des misanthropes étriqués craignant d’attraper des microbes au contact d’autres quidams et des coups de soleil à travers les hublots. L’Asie c’est vraiment pas simple.

vendredi 22 mai 2009

Etreintes brisées

Pedro Almodovar revient avec un film bien ficelé comme il sait les faire. Des décors hyper léchés, une caméra inventive, de la passion, du suspense, de la mort, une magnifique Penelope Cruz, et du gazpacho. De la passion il y en a beaucoup, du mélo aussi, mais bien dosé, pas trop.
Plein d’allusions à ses films les plus anciens, avec une préférence nette pour « Femmes au bord de la crise de nerfs », l’occasion de revoir un instant les inimitables Chus Lampreave et Rosy De Palma. Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte. Vaya a verlo, joder !

dimanche 17 mai 2009

Victoire de la musique

Non, ceci n’est pas à propos de la victoire de la Norvège à l’Eurovision. La Norvège a explosé les compteurs de l’Eurovision avec une chanson de guimauve nullissime, totalement insipide, uniquement parce que le chanteur était un mignon petit biquet de 18 ans. Aucun mérite, à 18 ans tout le monde a une tête comme ça. L’Eurovision est décidément un concours de crétins à destination de peuplades imbéciles, minuscules, et sous-développées qui votent les unes pour les autres pour des raisons inavouables. Je me refuse à regarder cette ignominie interminable commentée par des chauvins même pas drôles. Je n’ai regardé que la dernière demi-heure de l’émission, pour l’habituel « Malta, 2 points, Bosnia- Herzegovina 3 points », qui fait toujours ricaner, et uniquement pour ça, qu’est-ce que vous allez croire ?
Non, je veux parler du bel et vrai art lyrique. Je suis allé voir le 3e opéra de la saison à Bastille que nous avait réservé mon bon ami mélomane et madrilène. En février ce fut Lady Macbeth de Schplotch, pardon Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch ; j’ai roupillé pendant une bonne moitié de l’œuvre, assommé par la mise en scène pesante et la musique épouvantable assez peu à mon goût. En avril, ce fut Macbeth de Verdi dont j’ai déjà rendu compte, et durant lequel j’ai dormi disons un bon quart du temps. Aujourd’hui, ce fut "Un ballo in maschera" de Verdi. Décors sobres, tirant un peu sur l’art funéraire, mais imposants sans être gênants. Spectacle magnifique, musique très belle, et des solos exceptionnels (Angela Brown interprétant Amelia, ma doué que c’était beau). Eh bien là, il faut que cela se sache, je n’ai presque pas du tout dormi pendant toute la représentation, victoire !!!. Je ne suis pas du tout certain de pouvoir rééditer l’exploit un jour, je voulais donc partager ma joie avec mon lectorat que je sais raffiné et nombreux. Sameplayer, one point.

dimanche 10 mai 2009

Fascinante Asie

L’Indien est un piètre bricoleur. C’est ce que je me suis dit à Bombay en voyant une première personne avec un ongle tout noir. Un hématome sous un ongle c’est moche et ça fait mal. C’est quand même pas sorcier de planter un clou sans s’écraser un doigt avec un marteau, tout de même. J’ai commencé à avoir des doutes en croisant deux, puis trois, puis des tonnes de bricoleurs maladroits un peu partout dans les bureaux, dans la rue, dans les magasins. J’étais fort dépourvu car je n’avais pas Le Guide du Routard avec moi, cet ouvrage indispensable à qui veut approfondir une civilisation étrangère, ses us et ses coutumes.
La chance a voulu que j’aperçoive un reportage sur les élections en cours actuellement en Inde. On y voit que chaque personne qui vote doit se faire mettre au pinceau un trait d’encre indélébile sur un ongle. En principe c’est l’index qui est marqué, mais comme certains états avaient organisé plusieurs élections, il a fallu recourir à plusieurs doigts pour les divers votes, dont le majeur, comme dans l’état de Bombay, le Maharashtra, où tout le monde n’a pas trouvé cela amusant. Il est fort intéressant de noter que la règle voulait que l’on marque l’ongle d’une tache d’encre. Cette règle a changé en 2006, il faut dorénavant tracer une ligne d’encre qui part du sommet de l’ongle jusqu’au bas de la première articulation du doigt. A raison de 500 millions de votants par élection, le commerce d’encre indélébile est un gentil petit business. Le directeur de l’usine qui fabrique cette encre a donné une passionnante interview qui peut être trouvée ici, où l’on apprend qu’il se refuse à vendre cette encre pour d’autres raisons que les élections « to maintain its sanctity, dignity and significance ».
Moralité: un ongle noir peut être la marque d’un bricoleur malhabile ou bien d’un citoyen consciencieux. Mieux vaut le savoir. L’Asie c’est fascinant.

samedi 9 mai 2009

Mystérieuse Asie

L’Asie c’est très compliqué. Prenez un taxi ou un rickshaw à Bombay, ils ont tous des compteurs (joie !). Quand le chauffeur le met en marche (il faut parfois un peu insister), on voit qu’ils ont des petites cases dans lesquelles défilent des chiffres. Les cases indiquent « Rupees » et « Paise » (roupies et centimes, donc). Le voyageur est content, le système est clair. Surprise, les roupies défilent lentement, très, très lentement même. Dix centimes pour une demi-heure de rickshaw, c’est bien peu cher, le voyageur n’en revient pas. Et le voyageur est de plus en plus content car il se dit que
1. L’Inde est un pays vraiment très bon marché (la misère des autres a toujours un petit côté positif)
2. Il va pouvoir laisser un pourboire absolument démentiel, sans se ruiner, qui fait que l’on se souviendra de lui dans les bidonvilles et l’on chantera longtemps le souvenir de sa munificence, le soir à la veillée. Les gamins écouteront bouche bée l’histoire du jour où le noble étranger tira toute la famille de sa misère par un geste sublime (« Je vous le dis, il a carrément triplé le tarif du compteur ! Et il est reparti sans se retourner, comme un prince »). On ne connaîtra pas le nom du noble étranger, mais longtemps sa mémoire vivra, comme un chaud souvenir, dans le cœur de ces gens miséreux, mais braves.
Le problème est que le tarif du compteur doit être multiplié par 10 ou parfois par 12 ou encore autre chose, va savoir, selon l’heure du jour, le type de véhicule, la durée d’attente etc… Les chauffeurs ont des grilles qui permettent de calculer le prix selon ce qu’indique le compteur, des grilles crasseuses, officielles ou faites maison. Le voyageur généreux qui laisse une belle liasse de billets peut donc être déçu par l’accueil qui sera réservé à son beau geste. D'autant que les conducteurs de rickshaw n'ont pas forcément le même sens de l'humour que nous autres. Mieux vaut le savoir. L’Asie c’est très compliqué.