lundi 27 août 2012

Le mémorial des enfants de Yad Vashem


Le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem est consacré à la mémoire des victimes juives de la Shoah. Un des ses principaux objectifs est d’identifier chacune des victimes, dont un bon nombre, aux alentours de 2 millions sans doute, ont disparu sans laisser aucune trace. Le site est vaste, formé de multiples lieux, et très visité, en particulier par des groupes de jeunes militaires silencieux, attentifs à ce que raconte leur guide. En Israël, le service militaire est de 3 ans pour les garçons et 2 ans pour les filles. Le service militaire est un élément fondamental de la cohésion de la société israélienne et de l’intégration des nouveaux arrivants. A les voir à Yad Vashem, on a peu doutes: les soldats israéliens ne sont pas formés pour être des victimes consentantes.
Pour moi, la visite la plus inoubliable sera celle du mémorial des enfants. Je me suis retrouvé, absolument seul, ébloui de soleil à l’entrée, à pénétrer dans un labyrinthe totalement obscur avec des voix chuchotantes et des milliers d’étoiles scintillantes, reflétées dans une myriade de miroirs tout autour de moi. Il faisait tellement sombre, que j’ai parcouru, seul, tout l’édifice à tâtons, au milieu des étoiles scintillantes (en réalité le reflet multiplié à l’infini de chandelles votives), les mains tendues devant moi, ne sachant où j’allais, jusqu’à trouver une rambarde qui m’a guidé sur le chemin de sortie, où j’ai retrouvé la lumière aveuglante de l’après-midi. 
En quelques minutes, on ressent, comme un enfant, à la fois l’émerveillement, l’incompréhension et la crainte, face à l’inconnu et à l’infini. La voix que l’on entend lit, un à un, les noms des enfants juifs assassinés pendant la Shoah. La lecture de la liste entière, naturellement incomplète, prend 3 ans.

dimanche 19 août 2012

Le hiérosolymitain


Essayer de résumer à quoi ressemblent les habitants de Jérusalem est aussi impossible que résumer à quoi ressemblent les habitants d’Israël. On trouve absolument tout et absolument son contraire en Israël et à Jérusalem. Avec, à Jérusalem, une connotation religieuse tout de même nettement plus marquée que dans le reste du pays, même dans la très vaste partie moderne de la ville. La vieille ville est divisé en quatre quartiers : musulman (le plus vaste), arménien (le plus vide car tout l’immobilier appartient à l’église arménienne), chrétien (peu différent du quartier arabe si ce n’est que les boutiques de souvenirs y vendent des christs et des couronnes d’épines), et juif (style blockhaus, hyper propre et organisé, car reconstruit après les destructions pré-1967). En dehors des nombreux touristes/pèlerins plus ou moins exaltés (le lecteur du Routard est généralement un calme, mais prudence tout de même), il y a énormément d’enfants  hiérosolomytains. Ces mouflets sont essentiellement dus au labeur intensif des juifs et des juives « orthodoxes » qui ont reçu pour mission du Très Haut de croître et se multiplier, ce qui ne laisse pas les « arabes » insensibles, et un match de bébés est actuellement en cours. J’ai mis « orthodoxe » et « arabe » entre guillemets car rien n’est simple, rien de rien, et ce n'est rien de le dire. Les « arabes » peuvent être musulmans (jusque là, OK), mais aussi chrétiens, druzes ou bédouins, et sans doute bien d’autres choses encore. Quand aux « juifs », très prédominants à Jérusalem, ils se décomposent en une foultitude de groupes qui vont du laïc goguenard au religieux le plus hermétique, avec des rites, des pratiques et des convictions qui varient du tout au tout (certains groupes juifs religieux sont hostiles à l’existence d’Israël, tout de même !). Mais ils sont tous bien convaincus d’avoir raison. Car une chose caractérise avant tout le hiérosolomytain, chrétien, juif, musulman ou divers: il a raison, il le sait, et il le fait savoir. Du coup, l’ambiance est souvent tendue et le hiérosolomytain, volontiers, comment dire ? rugueux.
Jamais aussi rugueux que le vendredi soir quand des centaines de « Noirs » (grosso modo des juifs ultra orthodoxes, barbus et chapeautés) dévalent en courant les ruelles de la vielle ville pour la prière du shabbat au Mur des Lamentations, avec force poussettes chargées de gamins à kippa poussés par des femmes étiques, en foulard, et bien souvent en cloque. Le parcours jusqu’au Mur est conçu pour éviter les musulmans qui, au même moment, sortent de la mosquée un peu échauffés, mais on ne peut s’empêcher de craindre qu’une sotte méprise ne désigne l’innocent touriste à la vindicte de l’un ou l’autre de ces allumés en mission pour le Seigneur. 
La morale de l’histoire est que Jérusalem est une ville extraordinaire, qui suscite les passions et les controverses, émouvante et choquante, dorée et répugnante, douce et rugueuse (j’aime bien l’adjectif « rugueux », je trouve qu’il convient bien à Israël), bref, impossible à raconter
 Je ne peux pas résister au plaisir de conclure sur une petite chanson qui a accompagné quelques unes de nos pérégrinations, ci-dessous. A vos commentaires !