dimanche 30 septembre 2012

Les arts de l’Islam au Louvre


Si vous aimez le Musée du Quai Branly, vous aimerez les nouvelles salles des arts de l’Islam au musée du Louvre. Il y a la même accumulation d’objets (vases, objets usuels en métal, coupes, plats en cuivre, morceaux divers de céramique et de bois), que l’on retrouve presque à l’identique d’une vitrine à l’autre mais pour illustrer des techniques différentes. Un cheminement que l’on pense initialement chronologique qui, très vite, s’avère partir dans tous les sens pour plutôt suivre l’évolution des techniques. Des murs noirs sinistres où que le regard se pose. Et le toit que l’on a tant vanté dans la presse (le tapis volant, le voile doré, le nuage flottant) n’a rien de doré ni de spectaculaire lorsque l’on est dessous. C’est une sorte de grillage qui n’incite ni à l’émerveillement ni à la méditation. Bref, grosse déception. 
Déception heureusement compensée par la visite, tout au fond du musée, des salles des arts d’Afrique, Asie, Océanie et Amériques. Là, très peu de visiteurs, beaucoup d’espace, très peu d’objets mais uniquement des chefs d’œuvres, aucune prétention éducative mais seulement esthétique, beaucoup de lumière, des murs blancs. Bref, une muséographie extrêmement agréable et totalement dépassée.

dimanche 23 septembre 2012

Ils vont tuer la Mer Morte



Se baigner dans la Mer Morte est une expérience des plus étranges, d'autres chroniqueurs l'ont raconté. L’eau est cristalline, sans aucune algue ni poisson en vue, très chaude (en tout cas le 15 août) et très utile pour localiser des écorchures, irritations ou coupures de la peau que l’on ne savait même pas avoir (brulûre atroce = écorchure). Impossible de nager sur le ventre, la flottaison est telle que l’on se retrouve immédiatement sur le dos ; surtout, ne pas résister par des mouvements de bras ou de jambes inconsidérés car la moindre éclaboussure dans l’œil, le nez ou la bouche brûle de façon  insupportable. Une goutte suffit pour que l’horreur se déchaîne. La tête sous l’eau ? N’y pensez surtout pas ! Se baigner dans la Mer Morte c‘est un peu comme se baigner dans de l’acide tiède, si vous voulez. C’est amusant 5 minutes, mais on n’a pas trop envie de s’éterniser ou de s’éloigner du bord. L’important est de ne pas trop s’éloigner d’une douche d’eau douce en cas de nécessité vitale.
L’eau est absolument surchargée en sel, et, comme l’eau du Jourdain est presque entièrement pompée par les israéliens et les jordaniens avant d’arriver à la Mer Morte, et qu’un soleil de plomb fait s’évaporer l’eau qui est déjà là, la teneur en sel ne va pas baisser de sitôt. Et avec les usines qui extraient la potasse et celles qui récupèrent la boue pour en faire des produits de beauté (et les touristes qui embarquent sauvagement de la boue bénéfique), le niveau de l’eau baisse inexorablement. Il y a déjà des endroits où des bandes de terre isolent des bras de mer, voués à disparaitre au soleil. La Mer Morte est un endroit vraiment extraordinaire, mais menacé, à visiter avant qu’il ne soit trop tard. Vive la Mer Morte !

jeudi 6 septembre 2012

La Saint Sépulcre


L'église du Saint Sépulcre de Jérusalem inclut deux des lieux les plus importants de la Chrétienté: le lieu où Jésus de Nazareth est mort sur la croix, et celui où il est ressuscité d'entre les morts. Comme toujours à Jérusalem, un doute plane sur la véracité historique de lieu, mais le symbole est là, c'est ce qui compte.
Tout un chacun peut y entrer, gratuitement, sans même un petit contrôle de sécurité, et monter sur le rocher du Golgotha (bien recouvert d'autels, de balustrades, de marbre et de dorures, mais tout de même, on parle là de l'endroit où la Croix a été plantée, ce n'est pas rien). Ayant fait cela, tout un chacun peut redescendre par un escalier des plus raides, et se vautrer sur la pierre qui aurait servi à poser le corps du Christ, une fois que Pilate eût autorisé Joseph d'Arimathie à récupérer le corps; je dis "se vautrer" car c'est à peu de choses près ce que font certains visiteurs, chrétiens arméniens, je crois bien, pour qui cette pierre, posée en plein milieu de l'entrée de l'église doit être touchée, embrassée, étreinte autant que possible. A quelques mètres de là, se trouve le tombeau du Christ, dans une chapelle très étroite, tout en longueur, dans laquelle on peut pénétrer, après quelques instants de queue, sous le regard inquisiteur de prêtres grecs qui ne sont pas insensibles à un geste symbolique, peut-être, mais pécuniaire et donc beau. Collée, littéralement collèe, à l’arrière du tombeau du Christ, une minuscule chapelle gérée, elle, par des prêtres coptes. Cette chapelle est peut-être à l’arrière du tombeau, mais elle présente l’avantage concurrentiel par rapport aux grecs de l’autre côté de permettre aux visiteurs de placer des bougies qui brûlent ainsi au plus près de l’endroit où le Christ est ressuscité…. Ils sont fûtés ces coptes. Un coin remarquable car il est laissé à l’abandon est le tombeau de Joseph d’Arimathie. On y arrive, juste derrière le tombeau du Christ, en passant dans une chapelle vide, aux murs nus, au sol en terre battue dans laquelle traîne un grand trône en bois massif qui semble abandonné depuis bien longtemps. La tombe de Joseph d’Arimathie est au ras du sol, l’un des deux étroits boyaux horizontaux que l’on trouve en crapahutant à 4 pattes et en s’éclairant comme on le peut à la bougie. L’endroit est sans une décoration, sans une inscription, juste un trou étroit dans la roche, vide. Quand on pense que Joseph d’Arimathie a fait déposer le corps du Christ dans le tombeau qu’il avait fait creuser pour lui-même, on se dit qu’il a été bien mal récompensé de son beau geste. 
On peut passer des heures au Saint Sépulcre à découvrir plein de choses nouvelles: les très vieux grafitti sur certains murs, des bouts de colonnes sans doute romaines, des coins plus ou moins à l’abandon, des murs qui n’ont aucun sens apparent mais sont le résultat des guerres que se livrent les catholiques, les grecs, les coptes et les arméniens pour contrôler le lieu, le couvent éthiopien que l’on découvre au hasard d’un escalier, la citerne souterraine pleine d’eau claire sur laquelle flotte un Zodiac un peu dégonflé, il y a toujours quelque chose d’étonnant à trouver. Un sacré Capharnaüm, somme toute.