dimanche 26 octobre 2014

La petite amie

Les journaux français parlent de la femme qu'a tué Oscar Pistorus comme sa « petite amie ». Comme c'est délicat ! Feue Reeva Steenkamp n'a pas droit au terme « fiancée » (faute de bague adéquate), « femme » (ben non, Monsieur le curé n'a pas béni la chose), « concubine » (Doux Jésus, quelle horreur!), ni « amie » (ça fait trop Facebook). Les jounaux anglo-saxons parlent d'elle comme la « girlfriend », c'est tout de même moins culcul que « petite amie ». La presse française a encore de ces pudeurs qui nous ramènent à une autre époque. L'époque de l'expression « c'est sa bonne amie » ou « c'est son bon ami » qui nous faisait tellement ricaner à l'école maternelle. Il y a quelque temps de cela.

jeudi 11 septembre 2014

11 septembre : la manipulation

Et voilà, en cette date anniversaire, Obama fait une déclaration de guerre à l’État Islamique. Pourquoi ? Parce que deux journalistes américains ont été décapités et que l'opinion américaine s'est indignée. Cette réaction de l'opinion était-elle prévisible ? Oui. L'Etat Islamique est-il constitué d'abrutis barbus, ignares et sans culture ? Bien sûr, mais pas seulement, ils ont aussi des stratèges qui connaissent bien les moyens de communication et la façon dont les opinions occidentales peuvent être manipulées. Les décapitations ne sont donc pas le fait d'abrutis, mais de gens qui savent très bien ce qu'ils font. Comme savent très bien ce qu'elles font l'Arabie Saoudite et les pétromonarchies sunnites qui financent l’État Islamique contre les chiites d'Iran, d'Irak et d'ailleurs. Ce sont donc elles, alliées des USA, qui, très probablement ont entraîné les USA dans cette guerre. Et comme les alliés de nos alliés sont nos alliés, nous sommes dans de bonnes mains.

dimanche 31 août 2014

Privilèges

Mardi matin, retour de vacances en Espagne. Alors que j'avais acheté un billet Economique, la compagnie Air Europa m'offre aimablement un siège en classe Affaires, compte tenu de mon statut « Platinium à vie » sur Air France/Flying Blue. J'accepte avec la mansuétude qui sied au statut en question.
Mal m'en a pris. 
A Roissy, où nous sommes arrivés après plus de 6 heures de retard, les bagages étiquetés « Prioritaire » n'étaient pas sur le tapis de livraison des bagages. Nous nous sommes retrouvés à 5, ayant voyagé en Business, à faire la queue au service bagages d'Air France, alors que les autres voyageurs en shorts et casquette étaient rentrés chez eux (dans leurs masures nauséabondes sans doute, mais, tout de même, dans leur petit chez eux). Au vu de mon statut « Platinium », un Monsieur suave me conseille de prendre un peu de mon temps précieux pour remplir un dossier de retard de bagages, même si, il en a l'assurance, nos bagages sont bien arrivés à Roissy, simplement un manutentionnaire malhabile les a mis sur le mauvais chariot. D'un air complice, il me conseille donc d'attendre près du tapis 27 la livraison, tout à fait imminente, de ma valise. Après deux heures de surveillance du tapis 27, pas de trace de la valise, je rentre chez moi, il est 1h du matin.
Je laisse passer mercredi et jeudi, confiant dans la qualité du service bagages d'Air France, notre compagnie nationale, tout de même.
Vendredi, ne voyant rien venir, j'appelle le service bagages: « Votre valise est arrivée hier soir, très tard (?). Mais elle vous sera livré sans faute aujourd'hui, compte tenu de votre statut, bien sûr, nous sommes désolés, etc... »
Samedi, toujours rien, je rappelle : « Vous n'avez pas encore reçu votre bagage ? Ah mais c'est très anormal, pourtant vous habitez dans Paris, c'est pas compliqué. Je fais une demande en urgence pour que vous soyez livré. Nous sommes désolés, etc.. ».
Six heures plus tard (car c'était une demande en urgence, remember ?) je reçois un appel du service bagages: « Vous serez livré entre 17h et 20h. Oui, bien sûr, le chauffeur vous appellera avant pour s'assurer que vous serez chez vous, nous comprenons bien la situation et vous prions d'accepter nos excuses, etc... »
J'attends bien sagement chez moi à partir de 17h le coup de fil salvateur. A 20h15, ne voyant rien venir je rappelle le service bagages « Oui, oui, votre livraison est bien prévue. Entre 20h et minuit !!! Ah, c'est pas ce que l'on vous avait dit ? ». Le livreur est arrivé à 22h30. Youpi !
C'est si bon de se sentir privilégié.

dimanche 3 août 2014

Federico Garcia Marquez

Je viens de replonger dans Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Je l'avais lu d'une traite un été, ou je devais avoir 17 ou 18 ans. C'était le tout premier livre en espagnol que je lisais. Je l'ai commencé avec un dictionnaire à la main, mais au bout d'une trentaine de pages, j'avais la vocabulaire suffisant pour le lire sans aide, et je l'ai dévoré en 2 ou 3 jours. J'ai été totalement happé par ce tourbillon, ce foisonnement d’histoires et de personnages en apparence loufoques mais qui parlaient du chatoiement et de la dinguerie de l'histoire de l'Amérique Latine et, bien au delà, de l'humanité. En dehors de mon dictionnaire, j'avais aussi une feuille de papier sur laquelle je dessinais au fur et à mesure l'arbre généalogique de la famille Buendia, histoire de ne pas perdre le fil. J'ai encore cette feuille de papier, qui a bien jauni depuis tout ce temps. Il y avait des mots que je ne trouvais pas dans mon dictionnaire, car ils étaient sud-américains, mais je m'en fichais totalement, je continuais à lire. Je comprenais bien s'ils se rapportaient à une fleur, à un oiseau ou à un plat colombien que mon dictionnaire franco-castillan ne connaissait pas. Et cela me suffisait car ses sonorités mystérieuses ajoutaient à l'enchantement de la poésie de la langue de Garcia Marquez. C'est un livre qu'il faudrait lire à haute voix, pour goûter la qualité poétique de sa musique. Il y a un mot très particulier sur lequel j'ai trébuché, et que je n'oublierai jamais pour cela. Il est dans la toute dernière phrase qui finit par « porque las estirpes condenadas a cien años de soledad no tenían una segunda oportunidad sobre la tierra  ». C'était une phrase magnifique, poignante, la DERNIÈRE de ce monument, la chute finale! J'étais arrivé au bout de ce pavé, et je ne savais pas ce que signifiait « estirpe » !! J'ai été obligé de replonger, rageur, dans le dico, pour comprendre qu'estirpe signifie lignage, famille, race. Voilà comment gâcher un moment totalement magique, et s'en souvenir toujours.
J'ai acheté tout récemment la version électronique du livre avec cette facilité fabuleuse qui permet, en effleurant un mot sur la tablette, d'avoir aussitôt accès à la définition de ce mot dans un dictionnaire espagnol (qui n'ignore pas totalement les mots américains, et c'est tant mieux). Je me suis replongé dans le livre avec délectation, happé dès les premiers paragraphes comme la toute première fois. Un grand bonheur. Je le lis lentement, pour ne pas le finir trop vite.... 
J'ai repensé à l'anecdote qu'avaient rapporté les journaux en mai 81 lorsque Garcia Marquez avait été invité à la cérémonie d'inauguration de Mitterrand au Panthéon. Il se baladait parmi les invités en rigolant, montrant son carton d'invitation qui disait « Federico Garcia Marquez ». Gabriel Garcia Marquez n'était pas encore Prix Nobel mais c'était déjà un monument des lettres. Néanmoins, le petit personnel qui rédigeait les invitations l'avait gentiment mélangé avec Federico Garcia Lorca, ce qui ravissait, bien sûr, Garcia Marquez qui montrait son carton à qui mieux mieux. Curieusement, cette anecdote semble totalement oubliée aujourd'hui, aucune trace n'en existe sur le Web. Heureusement qu'il y a cet article de Gérard Courtois du Monde (daté du 15/05/2012, mis à jour le 28/03/2013) qui cite effectivement « Federico Garcia Marquez » parmi les invités de la cérémonie du Panthéon. Monsieur Courtois a dû se replonger dans les archives de 1981 pour rédiger, 31 ans un tard, son papier et il a fidèlement recopié l'ânerie de l'époque. Je n'ai donc pas rêvé, merci Monsieur Courtois. Je suis sûr que, là où ils sont tous les deux, Gabo et Federico doivent encore en rire ensemble.

dimanche 6 juillet 2014

Copenhague, 1864 et depuis lors

Très intéressant long week-end à Copenhague. En arrivant, en plein centre-ville, j'ai eu l'impression que le pays était en grève. Non, c'est juste que c'est calme, il n'y a pas grand monde dans les rues, les gens ont le temps, c'est reposant. J'ai mangé des harengs peut-être plus que de raison, il faut dire qu'on n'est pas là tous les jours et que ça peut être fameux les harengs marinés. Bien aimé aussi les gâteaux roulés blancs entourés de pâte d'amande et fourrés d'une chose épaisse au bon chocolat noir. Je n'ai pas trop compris pourquoi sur les "danish pastries" (qu'ils appellent en fait "viennoiseries", allez comprendre), il fallait rajouter soit du sucre, soit du chocolat, soit de la crème à quelque chose, bref il faut plus, le danois n'a jamais assez de trucs sur ses croissants. C'est comme les smorrebrod, pourquoi donc mettre tant de choses sur des petites tartines de pain beurré à la graisse de porc, au risque de ne pas savoir comment les manger sans en mettre partout? J'ai été étonné par le côté monotone de la langue danoise, sans relief, bien loin des musicalités du suédois qui sont tellement rigolotes. Étonné aussi par la discipline des locaux pour ne traverser que quand le petit bonhomme est vert. Les mêmes locaux qui acceptent aussi que leurs bacheliers, frais et roses avec des casquettes blanches, se baladent alcoolisés en beuglant à qui mieux-mieux dans des camions qui font le tour de la ville toute la sainte journée, avec force musique tonitruante. Il paraît qu'ils font ça pendant une semaine entière. Quelle santé, et quelle belle façon d'entrer dans l'âge adulte. Sinon, Copenhague, c'est très, très plat, c'est la ville du vélo, celui sur lequel on pédale presque debout et qui donne une fière allure mais aussi celui qui freine en pédalant en arrière, tout un apprentissage. Ce fut aussi la découverte du musée national et de ses superbes collections d'objets du Groenland, harpons, lunettes, magnifiques anoraks en fourrure, bottes fourrées, canoës et slips en peaux de bête des plus étonnants. Étonnante aussi a été la découverte que le Danemark est une société traumatisée par la perte de son empire. Bigre, en voilà une nouvelle. Mais oui, le Danemark, à une époque bénie régnait sur la Norvège, le sud de la Suède, l'Islande, le Groenland et avait même pour faire bonne mesure quelques possessions en Afrique (une partie du Ghana actuel), quelques Antilles et quelques comptoirs en Inde. Le coup de grâce a été donné en 1864 par la Prusse qui a fauché au Danemark 40 % de son territoire et 20 % de sa population avec les duchés du Schleswig et du Holstein. Ce n'était pas gentil, et 1864 est restée comme l'annus horribilis pour les danois. C'est fou toutes ces choses que l'on ne sait pas. Sinon, il faudrait que quelqu'un dise au Guide du Routard que Copenhague est une chose, Stockholm en es une autre. La page du guide 2014 qui résume les bons plans à ne pas rater à Copenhague est en fait celle de Stockholm. C'est fou comme c'est compliqué la Scandinavie, on devrait y aller plus souvent.





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lundi 9 juin 2014

Envoie du rêve !

Il parait que 73 % des jeunes français sont attirés par les métiers de la Fonction Publique. Il faut dire que les publicitaires ont bien cerné le prototype du fonctionnaire idéal. Ils savent bien ce qui fait rêver les jeunes.


mardi 3 juin 2014

L'abdication (séquence nostalgie)

Je ne sais pas bien pourquoi la nouvelle de l'abdication de Juan Carlos m'a rempli d'émotion. Pourtant, je verse rarement une larmichette sur Point de vue - Images du Monde, je n'ai jamais rencontré JC, ni connu quelqu'un qui le connaissait. Sans doute cela me ramène à l'époque où l'Espagne m'enthousiasmait, l'Espagne des vacances, du dépaysement total, de la littérature latino-américaine en plein boom dans les années 70. Je me souviens que les adolescents de la bourgeoisie valencienne avec qui je traînais (à l'époque, il n'y avait que les grands bourgeois espagnols qui pouvaient prendre des vacances, même au pays) l'appelaient « el tonto », « el idiota congenital ». C'était l'année de la mort de Franco. Les pesetas étaient de pièces sévères, un peu inquiétantes, qui portaient encore le profil du caudillo « Por la gracia de Dios » d'un côté et « Una, grande, libre » de l'autre, avec le faisceau, le joug et les flèches de la Phalange.
Juan Carlos était un personnage falot, soupçonné d'avoir été choisi par Franco à cause de son imbécillité et dont les bonnes langues prédisaient l'impuissance à faire quoi que ce soit de bien. Un personnage bien loin du sauveur de la démocratie qui a impressionné le monde lors du coup d’État de Tejero en 1981. C'était l'époque où je ne me lassais pas de relire le premier article de la constitution de 1978 que je trouvais magnifiquement écrit et sonnant superbement à l'oreille « España se constituye en un Estado social y democrático de Derecho, que propugna como valores superiores de su ordenamiento jurídico la libertad, la justicia, la igualdad y el pluralismo político. ». Bref, j'étais un peu exalté. 
L'abdication de Juan Carlos est donc finalement juste un signe de plus du temps qui passe, ce qui ne met jamais tellement en joie. J'ai, bien sûr, écouté son allocution télévisée. J'espérais un grand moment, un discours qui ferait date, un testament politique du plus haut niveau, de l'éloquence, de la grandeur. Las, le texte était plat, convenu, dit sans aucune émotion ni trace d'humanité. La chute du discours est totalement minable "Je garde et garderai toujours l'Espagne au plus profond de mon cœur". Non mais, allo, quoi? C'est quoi cette chute ? C'est avec ça qu'il espère laisser une trace dans l'Histoire? Je préfère ne pas me demander si les petits cons valenciens des années 70 n'avaient, peut-être, pas complètement tort. Gardons plutôt nos illusions d'antan.

dimanche 4 mai 2014

Dans la cour

Dans la cour, de Pierre Salvadori, film à recommander. Comme toujours avec ce réalisateur, le film a un bon
rythme, aborde les sujets graves sans s'appesantir inutilement, alterne l'humour et la gravité sans céder à la facilité. Catherine Deneuve, absolument géniale en bourgeoise parisienne angoissée, de plus en plus barrée au fil des événements. Gustave Kerven en gardien d’immeuble amateur, qui se retrouve à gérer une maison de fous. Pio Marmai en trafiquant de vélos volés halluciné. Un film plein d'humanité sans jamais être mièvre, très drôle, bien filmé, une très bonne surprise. Un regret tout de même, le film se termine sans que l'on connaisse la recette des endives au jambon de Catherine Deneuve. Désolé si je vous ai gâché votre film. Si vous ne voulez pas que je le gâche encore d'avantage, ne lisez pas ce qui suit. La phrase finale du film est magnifique, mais bon, c'est aussi la fin du film, alors....

Attention, ne lisez pas plus avant si vous voulez aller voir ce film!!! Dernière chance !: Catherine Deneuve, en voix off, dit "Les mensonges de ceux qui nous aiment sont les plus belles preuves d'amour". C'est bien trouvé, non ?

jeudi 1 mai 2014

Carta a Eva

Vu sur Arte la minisérie espagnole « Carta a Eva » (Lettre à Eva). On a beau dire, mais une série en 2 épisodes c'est autre chose qu'une série en 62 épisodes, comme « Breaking Bad », par exemple. Excellente série, mais qui nécessite bien des soirées d'abnégation sur canapé. Mais ne digressons pas. Cette série-ci se passe en 1947, alors que l'Espagne est exclue des Nations Unies pour cause de fascisme, et meurt de faim: elle a besoin du blé argentin. Eva Perón est envoyée en visite officielle en Espagne et la série raconte ses démêlés avec Franco et surtout sa femme, Carmen Polo. En parallèle, on suit l'histoire d'une militante communiste condamnée à mort et dont la famille demande la grâce à Eva Perón via une lettre, la fameuse « Carta a Eva ». J'ai adoré cette plongée dans l'Espagne des années 40, à une époque où le bourricot était le moyen de transport des campagnes, où les riches étaient riches par la grâce de Dieu, où les BD étaient des instruments de propagande, où le pays sortait juste de la guerre civile, avec deux camps opposés tout aussi déterminés dans leur haine de l'autre. J'ai lu des dizaines de bouquins et d'articles sur la guerre civile espagnole.
Pourtant, c'est en voyant ces images (de fiction) de prisonniers torturés, de femmes arrêtées en pleine rue, du chantier du Valle de los Caidos où mouraient les ouvriers républicains que j'ai ressenti comme jamais l'horreur de la période. Bien sûr, nous sommes en 2014, on épargne au consommateur de séries les images trop pénibles, les garde-chiourmes sont quand même humains finalement, les gamins sont attendrissants, la série finit bien. Mais l'impact de ces quelques images est incroyablement plus fort que celui des mots (oui, je sais, je redécouvre une évidence que Paris Match a compris depuis longtemps). L'habilité de la série est de ne pas trop s’appesantir sur des questions qui fâchent encore, mais de se délecter des combats de pintades entre Eva et Carmen, l'une excessivement glamour et pro-prolétaires, l'autre vêtue de strict, emperlousée avec son chapelet à portée de main. Franco, la "sentinelle de l'Occident", a le rôle d'un gentil patapouf qui ne veut pas d’histoires avec sa femme, ni avec le blé argentin. On se marre bien avec les espagnols qui font tout ce qu'ils peuvent pour en mettre plein la vue à Eva, mais voir comment celle-ci finit toujours par avoir le dessus. Même si les ressorts de la série sont éculés (la modernité contre le conservatisme, la pauvre fille issue de rien contre la bourgeoise qui se pique d'être marquise, etc...), le jeu entre les espagnols coincés et la furia transatlantique est vraiment réussi. La devise de l'Espagne de l'époque était: Una, Grande y Libre; dans cette histoire, une grande fille libre venue d'Argentine lui a damé le pion.

mardi 22 avril 2014

Pâques aux citrons


Déjeuner de Pâques sur l'enchanteresse île de Procida dans le golfe de Naples, découverte l'été dernier grâce à une excellente amie bretonne
Grand soleil, pas un bruit de voiture, le pêcheur qui raccommode ses filets sur le port, les barques qui se balancent doucement, la quiétude d'un dimanche méditerranéen, un vrai décor de carte postale. 
Ce fut l'occasion de re-goûter la salade de citrons, pas indiquée sur la carte du restaurant mais, en demandant si « che insalata di limone ? », la chose est préparée en 5 minutes. Juste des morceaux de citron sur un lit de roquette, un poil d'huile d'olive et un peu de piment haché. La chair blanche des citrons, très épaisse, est étonnamment douce, la chair jaune l'est un peu moins (il s'agit de citrons crus, tout de même). 
Et en dessert, à la bonne pâtisserie de l'île sur le port principal, la lingua di bue (alias la langue de bœuf), pâtisserie feuilletée, fourrée à la crème pâtissière au citron, what else? Un vrai bonheur, un dimanche de Pâques perfectissimo.

samedi 15 mars 2014

Jacques a dit, une ânerie

Je suis tombé – vraiment – par hasard l'autre soir sur l'émission de Thierry Ardisson « Salut les terriens ». D'ordinaire, je zappe direct, mais, là, je vois la tête de Jacques Attali et me dis « Tiens ? Que fait-il là, dans une émission pareille? ». Et je tombe en pleine péroraison sur l'Ukraine, au moment où Attali explique l'intérêt d'Obama pour l'Ukraine en faisant le lien avec le film « The deer hunter » (Voyage au bout de l'enfer). C'est à 22:30 sur la vidéo de l'émission. Il affirme mordicus que le début du film montre un mariage ukrainien à Chicago. Chicago étant la ville d'Obama, « c'est tout simple » dit maître Jacques, péremptoire, tout s'explique de façon lumineuse. Respect total dans la salle et on repasse aux autres imbéciles sur le plateau. Cette affaire me turlupine depuis quelques jours, je me souvenais d'un mariage russe orthodoxe en Pennsylvanie, pas du tout d'un mariage ukrainien à Chicago. Je suis allé vérifier et ma mémoire était exacte. Jacques a dit une énorme ânerie, avec un aplomb qui ne l'est pas moins, énorme.

lundi 10 mars 2014

Le printemps syrien

Au beau milieu d'un article du Huffington Post intitulé "Syrie: cinq faits terrifiants sur l'état désastreux du système de soins après trois ans de guerre", et dans un paragraphe intitulé "Des conditions de travail effroyables" ce bandeau publicitaire: "Un bouquet sur la peau. Le printemps semble être arrivé avant l'heure au 30 Avenue Montaigne. Découvrez aujourd'hui Miss Dior Blooming Bouquet, une fragrance florale embaumant comme un bouquet de mille fleurs. Sponsorisé par Dior". 
Les conditions de travail effroyables au 30 Avenue Montaigne, on ne s'en indigne pas assez, je trouve.

mercredi 5 mars 2014

Révélations

Patrick Buisson est totalement carbonisé* après la révélation de ses enregistrements clandestins. Il a magnifiquement révélé ses qualités humaines et sa hauteur de vues. C'est très bien. Mais il n'y a pas de vrai scoop, nous dit-on, dans ces enregistrements. On est injuste : il y a quand même une révélation. Globalement, Sarkozy semble parler un français assez correct, sans grossièretés, ni invectives, il semble même poli dans l'intimité. 
Je l'imaginais assez bien comme Nixon, qui utilisait tellement de « fuck » de « shit », de « bullshit » et de
grossièretés diverses, que les transcripteurs des enregistrement du Watergate ont dû utiliser l'expression « expletive deleted » pour masquer ces horreurs pratiquement à chaque phrase, quand ce n'était pas plusieurs fois dans une seule phrase. Finalement, Sarkozy qui se rêvait en Kennedy n'arrive donc même pas au niveau de Nixon. Je ne suis pas injuste, là, si ?
* Trait d'esprit

samedi 22 février 2014

Ils sont vraiment très, très, forts

Un nouveau film israélien, «Bethléem», est à l'affiche, je me précipite, d'autant que l’œuvre
en question a été largement primée. C'est l'histoire d'un jeune palestinien qui travaille pour les services secrets israéliens et est tiraillé entre sa famille, ses amis, et sa vie d'agent double. Tout au long du film, qui n'est pas mauvais, j'ai eu une bizarre impression de déjà vu. Des scènes de galopade dans les collines arides, les villages palestiniens où Tsahal déboule en crissant des pneus, les jets de pierre, les mères éplorées, les salons vides avec les sièges recouverts de housses en plastique, les kalachnikovs, les barbus rébarbatifs, etc., etc. Tout ça me disait quelque chose. Ce n'est qu'à la toute fin que m'est revenu le souvenir d'un autre film israélien, lui aussi tourné dans les territoires palestiniens, « Omar » avec grosso modo la même histoire et la même fin, tourné, comme « Bethléem » en 2013. Du coup me sont aussi revenus en mémoire deux autres films israéliens jumeaux parlant d'une histoire d'amour gay impossible entre un jeune israélien et un jeune palestinien: « The Bubble » en 2006, et sa copie quasi fidèle « Alata » en 2012. Tous ces films sont soutenus par le « Israël Film Fund ». Ce fonds a permis le tournage et la promotion de très bons films comme « La fanfare » ou «  Danse avec Bachir ». Globalement, il finance des films intéressants dans lesquels les israéliens n'ont pas forcément le beau rôle, ce qui est plutôt courageux pour un fonds dont la finalité est, à n'en pas douter, de promouvoir l'image d’Israël à l'étranger. 
Dans le cas des films jumeaux Omar/Bethléem et The Bubble/Alata, deux explications possibles: soit une négligence des décideurs du fonds qui n'ont pas vu qu'ils finançaient deux fois le même film, soit, ils ont trop bien compris que la répétition est la base de la pédagogie. Complotistes de tout poil, qu'en pensez-vous? 

samedi 1 février 2014

Addis-Abeba, le Musée ethnologique

Très peu d'information est disponible sur le Web concernant le Musée ethnologique d’Addis-Abeba (Addis Ababa Ethnological Museum). C'est dommage car il est situé dans le très beau parc de l'Université, très aéré et planté de grands arbres. Et dans un ancien palais de Hailé Sélassié, comme vous le savez. La muséographie est des plus sommaires, les vitrines sont sombres, souvent encombrées d'objets, et avec des explications des plus sommaires. L'idée semble être d'encourager le chaland à prendre un guide, pas bête ! Le plus grand intérêt de ce petit musée est de montrer la variété des croyances, coutumes et cultures de ce que je pensais être un pays très homogène. Que nenni ! Il y a de tout en Éthiopie, y compris au niveau religieux. Les chrétiens éthiopiens orthodoxes représentent un peu moins de la moitié des habitants, le reste se répartit entre musulmans (33%), diverses obédiences chrétiennes et animistes, il ne reste presque plus de juifs depuis que la plupart des falashas ont émigré en Israël. Outre la chambre et les salles de bains de M. et Mme Sélassié, le musée abrite une très intéressante collection d'art religieux, ainsi qu'un lion empaillé qui n'est plus de première fraicheur, et sur lequel les guides ont mille et une explications toutes plus ébouriffantes les unes que les autres. Devant le musée, un étrange escalier ne mène nulle part, si ce n'est à quelque mètres de hauteur le long d'un mât où flotte un drapeau. Il a été bâti par les italiens pendant leur occupation de l'Ethiopie (extrêmement sanglante cette occupation, qui l'eut cru, de la part de nos aimables cousins transalpins?). Chaque marche représente une année de fascisme depuis la marche sur Rome en 1922. Sur la dernière marche, un lion de Juda, symbole de l’Éthiopie, a été ajouté après la guerre. Histoire de régler un peu les comptes, non mais. 










jeudi 23 janvier 2014

Addis-Abeba, la salle de bains d’Hailé Sélassié

La visite du Musée ethnologique d’Addis-Abeba (Addis Ababa Ethnological Museum) vaut le détour. Nous y reviendrons. Le musée est situé dans un ancien palais de l’empereur Hailé Sélassié I, qu’il a habité jusqu’en 1960. A la fin de la visite du musée proprement dit, le visiteur est invité à passer par la chambre et la salle de bains  de l’empereur. Pas « les appartements impériaux », non, non, « la chambre et la salle de bains ». Soit, se dit le visiteur. Un personnage aussi fabuleusement mythique qu’Hailé Sélassié, Empereur d’Ethiopie, monarque absolu de droit divin, Roi des rois, descendant de la reine de Saba et du roi Salomon, ça doit vivre dans un luxe inouï. Des robinets en or au minimum. Et voilà en photos ci-dessous, le luxe fabuleux dans lequel le Négus et sa fort belle épouse, l’impératrice Menen Asfaw (1911-1962) réalisaient leurs ablutions. Tout à fait comme la salle de bains de mes grands-parents, dans le Lot, dans les années 1960. Et je ne crois pas que nous descendions de la reine de Saba. 
Chez les Sélassié, chacun a sa salle de bains, rose pour l’impératrice, bleue pour l’empereur. Détail piquant, le bidet est dans la salle de bains du Négus. L’impératrice, femme parfaite à tous égards n’en avait certainement pas l’usage, cela va sans dire.

 La salle de bains de l'Empereur
  La salle de bains de l'Empereur (suite)
  La salle de bains de l'Impératrice
   La salle de bains de l'Impératrice (détail)
 
Et enfin, l’impératrice Menen Asfaw (1911-1962)

dimanche 5 janvier 2014

La colline du printemps

Retour en Israël 18 mois plus tard. Je n'ai pas été aussi frappé que je m'y attendais par la différence avec un séjour en été. Bien sûr, comme dans tous les pays méditerranéens, les appartements sont mal isolés, le froid pénètre vite, mais on se débrouille sans grand problème. Je continue à adorer Jérusalem, même si ce n'est pas l'endroit le plus plaisant du monde. Comme toujours en Israël, on y trouve tout et son contraire, le plus beau et le plus moche, le plus plaisant et le plus irritant. Il ne faut pas se laisser énerver par les marchands de saloperies touristiques de la Vieille Ville. Ils ne font que perpétuer la tradition multi-millénaire des marchands du Temple qui guettent le pigeon-pélerin. Ne pas non plus se laisser attrister par tous ces gens qui tirent la gueule mieux que des parisiens dans le métro, ni par les vieux cons qui pullulent, sans doute dans l'attente de mourir ici pour être les premiers dans la file d'attente du Jugement Dernier. Tout ça n'est pas grave, je continue à aimer la beauté de la Vieille Ville, la modernité et la diversité de l'autre, et à être fasciné par la place de ce lieu dans l'histoire, dans les mythes, les religions et dans l'actualité. Le Mur, le Mont des Oliviers et l'église du Saint Sépulcre continuent à me fasciner, je ne me lasse pas d'y retourner. J'ai découvert cette fois-ci le minuscule musée d'art juif italien. Un petit bijou de classe et de simplicité. Si Eliezer Ben Yehuda avait été italien, l'hébreu moderne aurait-il été une langue mélodieuse plutôt que germanique? Les Israéliens seraient-ils des suaves méditerranéens?...
Tel Aviv l'été dernier m'avait déçu. En dehors de la plage, belle mais peu baignable, j'avais trouvé la ville poussiéreuse, assez moche, faite de bric et de broc, sans grand intérêt. Cette fois-ci, le soleil et la douceur de l'air rendaient justice à son nom de "Colline du printemps". La ville est jeune, sympathique, pleine d'endroits où les familles se baladent de bonne humeur, de cafés branchés sans être prétentieux, modernes sans perdre leur caractère. Et puis tellement d'arbres, de jardins, de chats paisibles, tout pour plaire, quoi. Pour les amateurs, ci-dessous, un petit Chagall daté 1932 du TAMA (Tel Aviv Museum of Art), qui représente la ruelle devant le mur «des Lamentations », avant que l'esplanade actuelle ne soit dégagée après la Guerre des Six Jours.